Bahia est adoptée!

C'est Claire qui raconte leur histoire, celle d'une rencontre faite de hauts et de bas mais in fine, une bien jolie rencontre. Merci à vous deux de ne jamais lui avoir lâché la patte :) Votre témoignage est encourageant pour tous les propriétaires de chiens réactifs, parce que OUI tout est possible à condition de travailler. Si Bahia est un chien maltraité et sa réactivé liée en partie à son passé, bon nombre de chiens le sont aussi sans pour autant avoir été maltraités au sens où on l'entend. Un chiot qui grandit dans un environnement sans stimuli, isolé de ses congénères, peut devenir un chien réactif....

" En 2021, après une formation d’éducatrice/comportementaliste canin, j’ai appelé l’APAVH pour leur dire que j’étais à nouveau disponible pour accueillir un chien en famille d’accueil. Valérie a été ravie d’apprendre la nouvelle et m’a dit qu’elle avait justement une chienne qui avait bien besoin de sortir du refuge ! Princesse était arrivée quelques mois plus tôt dans un bien mauvais état : complètement dépoilée, toute maigre, elle avait été retrouvée attachée au radiateur dans l’appartement de son ancien propriétaire décédé… Un début de vie pas vraiment chouette…

J’ai passé la soirée à regarder les photos de cette chienne qui avait vraiment une super tête et à imaginer la rencontre. Quand Valérie est arrivée dans notre rue et a ouvert le coffre de la voiture, je me souviens de cette belle panthère noire allongée calmement, elle est sortie un peu stressée de la voiture, nous a salué gentiment mon conjoint et moi et a découvert son nouvel environnement : un petit appartement du centre-ville de Montpellier avec le confort du canapé autorisé, son panier, le fauteuil, des jouets, … le bonheur!

Les trois premiers jours c’était le chien PAR-FAIT. C’est ce qu’on appelle l’inhibition du changement de vie… (…) On a donc appris à se connaître progressivement avec notre panthère noire. Très vite j’ai découvert que le passé malheureux de Bahia (car je n’accrochais pas trop avec le prénom Princesse pour la belle!) avait laissé de sacrées traces : elle avait très peur des hommes et agressait les messieurs qu’on croisait dans la rue en grognant, sautant, leur aboyant dessus, toute hérissée… Elle avait à peu près la même approche avec les chiens qui osaient croiser son regard! Autant vous dire que les premiers mois ont été sportifs! J’ai pu mettre tout de suite en application ce que j’avais appris en formation et désensibiliser progressivement Bahia afin de changer l’association négative qu’elle avait faite des hommes et des chiens.

Ces premiers mois c’était les montagnes russes : à la maison on avait la chienne la plus adorable du monde, et dehors un démon qui voulait manger tout le monde… Parfois on arrivait à faire des balades sans qu’elle ne se déclenche sur personne et je me disais « ça y est c’est gagné », puis la balade suivante le démon était de retour et je désespérais d’y arriver un jour… Travailler un chien réactif demande beaucoup de patience et de persévérance, c’est un des enseignements que Bahia m’aura apporté (ainsi que beaucoup d’empathie pour tous les propriétaires de chiens réactifs!). Les mois passaient, Bahia progressait, on s’attachait à elle, mais on se disait que ce n’était pas le chien qu’il nous fallait, qu’elle serait bien plus heureuse à la campagne avec un grand terrain, moins confrontée au quotidien à tout ce qui l’inquiète. On espérait lui trouver LA famille d’adoption qui pourrait la rendre heureuse grâce à un cadre plus adapté que le nôtre. Les appels pour elle n’étaient pas bien nombreux, et les ascenseurs émotionnels quand on a reçu des candidats à l’adoption très rudes… Entre ceux qui font demi-tour avant même d’avoir rencontré la chienne, ceux qui viennent la rencontrer, repartent totalement emballés et qui disparaissent sans plus jamais donner de nouvelles, on alternait entre espoir de la voir changer de vie et tristesse de l’imaginer partir loin de nous… Et les mois continuaient à passer, et Bahia continuait à progresser… Et notre attachement pour elle continuait à grandir!

La question de l’adopter ou pas revenait très régulièrement à la maison. On se mettait des objectifs qui réduisaient avec le temps : on est passé de « si un jour on peut la balader libre en ville, on l’adopte », à « si un jours on peut la balader tous les deux en laisse sans qu’elle déclenche en ville, on l’adopte ». Et à force d’avoir cette conversation, les mois passant et le charme de Bahia opérant un peu plus chaque jour, on a fini par arrêter de se dire « on l’adoptera si… » pour se dire qu’on ne se voyait plus sans elle! Ça allait faire un an qu’on avait Bahia à la maison, on avait traversé la France avec elle, on lui a fait découvrir les voyages en camion, la mer, les chevaux, le bonheur des caresses, elle a appris à ne plus avoir peur de tous les hommes qui passent, elle a appris à faire confiance, elle a appris que tous les chiens n’étaient pas une menace, elle commence même à découvrir qu’il peut y en avoir des sympas parfois…

Elle a appris à ramper, à passer entre les jambes, à toucher une cible avec son nez, à ne (presque!) plus aboyer quand un voisin fait du bruit dans le couloir, à s’allonger et attendre qu’on lui coupe les griffes, à mettre et à garder une muselière, à rester tranquillement relax à la maison quand on la laisse quelques heures, à accueillir nos invités joyeusement sans les agresser… Elle a appris à nous faire confiance et que quand on la laisse quelque part on revient toujours la chercher.

Alors ça n’était plus possible d’envisager qu’elle parte dans une autre famille, et puis plus que tout, elle a appris à vivre dans l’environnement qu’on lui offre et y a trouvé un équilibre. On a beaucoup adapté notre vie pour elle, on sait que ce n’est pas un chien qu’on pourra emmener partout avec nous, on sait que la vie avec elle est pleine de contraintes mais on préfère vivre avec ces contraintes et les sourires de la Bahia quand on rentre à la maison, ses léchouilles pour nous sortir du lit au réveil le matin, ses grognements de joie quand on tire sur sa corde, sa façon sans pareil de poser la tête sur mes cuisses quand elle a faim ou envie de sortir que vivre sans ces contraintes et sans notre Pitchouletta préférée!

Après un an à accueillir Bahia, on a trouvé sa famille d’adoption : ça fait un an qu’elle y vit déjà ! ""