Ce qui a attiré mon attention c'est de voir ce chat sauter contre un mur, puis retomber lourdement au sol. J'étais en voiture, je passais juste à ce moment là , 5mn plus tôt ou plus tard et je ne l'aurais jamais vu. Je me suis arrêtée pour regarder son manège. Inlassablement elle, c'est une isabelle donc une minette, essayait de sauter sur le rebord de ce petit fenestrou, elle retombait, couchée sur le côté , se relevait péniblement et regardant attentivement le fenestrou, évaluant la distance, elle recommençait. J'ai compris qu'il y avait un problème alors je me suis approchée mais en me voyant arriver elle a voulu partir en rampant. Je n'ai pas voulu la poursuivre, de peur de la faire fuir trop loin, elle était effrayée et elle avait du mal à se déplacer.
J'ai laissé de quoi manger, j'ai toujours des sachets ou des croquettes dans ma voiture. L'unique maison habitée était vide. Je suis revenue plus tard, la dame m'a dit que non elle n'avait pas de chat. De nouveau j'ai laissé à manger.
Le jour suivant j'ai passé beaucoup de temps à interroger les uns et les autres pour savoir à qui appartenait ce corps de bâtiment fermé. Finalement j'ai trouvé le propriétaire qui a accepté de me confier la clé de cette remise. Je suis entrée avec une torche, je ne l'ai pas vue tout de suite, la minette se cachait derrière un matelas. J'ai compris que je n'y arriverais pas seule alors j'ai refermé la porte, laissé de quoi manger, à boire et condamné le fenestrou pour qu'elle ne puisse pas sortir. Dona est venue me retrouver en fin de journée. Avec une grande épuisette nous avons pu l'attraper, elle ne s'est pas rebiffée, n'a pas soufflé, on l'a mis dans une cage de transport direction le véto avec un peu d'espoir…
Quand on voit les photos on peut imaginer la souffrance de cette pauvre bête qui a dû se ronger la patte pour quitter le piège. On n'ose imaginer comment elle a pu se déplacer avec son autre patte litteralement coupée en deux. On comprends pourquoi elle n'arrivait pas à monter sur ce rebord de fenêtre : elle n'avait tout simplement pas la possibilité de s'y accrocher. Depuis quand était-elle ainsi? Le courage qu'il lui a fallu pour survivre, à la merci de tous, rampant au sol et puis comment se nourrir? Le vétérinaire très doux et bienveillant, n'a pu qu'abréger ses souffrances. Petite Isabelle est partie doucement au paradis des chats.
La seule chose qui nous réconforte c'est de savoir que son calvaire s'est arrêté, qu'elle n'aura pas agonisé toute seule dans un coin, parce que de toute façon elle n'aurait pas survécu bien longtemps.
Mais pour cette petite isabelle combien de chats et autres chiens, sans compter la faune sauvage à qui ils sont destinés, pris dans ces pièges cruels?