Zoé a été adoptée, même si elle n'est plus
Nous avons pris en charge Zoé mi Février 2020. Elle arrivait de la fourrière d’où l’avait sortie Hélène, des Vagabonds du Lauragais. Personne ne s’était bousculé au portillon : un Labrador noir, de 9 ans et avec une patte en moins. Pour un Golden il y aurait eu la queue…Nous avons donc récupéré Zoé, qui n’avait pas de nom et qui n’était pas stérilisée ! Pourtant elle avait été adoptée à la SPA de Toulouse, une usine à chien comme la plupart de ces méga structures où les chiens ne sont que des numéros. Je suis bien placée pour le savoir, il y a 18 ans je me suis battue, entre autres, pour que les chiens de la SPA locale aient un nom à la place de leur matricule. Ni le personnel, ni la direction (la même qu’aujourd’hui) n’en voyaient l’utilité.
Il nous a été impossible aussi de savoir quand et pourquoi on avait amputé Zoé de sa patte avant droite ? Pourtant elle a été amputée à la SPA. On peut comprendre qu’on oublie de noter la date du dernier vermifuge, allez au pire du dernier vaccin, mais une patte amputée quand même ce n’est pas si courant !? Zoé a donc été adoptée à la SPA de Toulouse par une famille… qui ne s’en occupait pas, ils la laissaient divaguer pour ne pas dire qu’ils la mettaient dehors. D’ailleurs une fois récupérée par la fourrière, ils ne sont pas venus la chercher, bon débarras. On aimerait que les méga structures que sont les SPA forment enfin leur personnel aux adoptions, histoire d’avoir un peu de discernement parce que quand un chien entre dans un refuge, ce devrait être pour le meilleur, pas pour le pire. Et puis on aimerait aussi que les suivis post adoptions se fassent réellement, c'est à dire autrement que par téléphone, parce que si personne ne cherche vraiment à savoir comment vont les chiens adoptés, à quoi bon ?
Notre Zoé est partie en famille d’accueil chez Claire, en maison de ville sans jardin mais en collocation. Notre loupette s’est retrouvée avec de jeunes humains, tous séduits par sa gentillesse et attentifs à son bien être. De la nuit sombre de son box, Zoé est passée à la lumière : la joie de vivre en famille. A la fin du confinement, nous avons enfin pu la faire stériliser puis avons demandé à Claire des photos histoire de la proposer à l’adoption. Nous avions des nouvelles, mais pas de photos. Nous avons fini par comprendre que Claire ne souhaitait pas la voir partir d’autant que Philippe, son papa, avait depuis longtemps dans un coin de sa tête le projet d’avoir un chien. La rencontre avec Zoé fut un énorme coup de cœur. « (…) Zoé est en pleine forme, elle a apprécié le confinement. Mes parents souhaitent l’adopter (…) » On s’en doutait !
Zoé ne fut pas dépaysée, elle naviguait déjà entre la maison des parents de Claire à la campagne et la maison de ville, sans compter les vacances en famille.Récemment nous avons rendu visite à Philippe et Zoé pour faire le contrat d’adoption. Zoé nous attendait sur le balcon depuis lequel elle aime tant observer ce qui se passe en bas. C’est une maison de ville avec un grand escalier auquel Zoé s’est habituée. Le jardin est à l’arrière, avec de l’herbe, des arbres et même un poulailler que Zoé aime surveiller. Philippe dit qu’elle a attrapé une poule sans lui faire mal, pas sûr que la poule ait apprécié. Nous avons retrouvé une autre chienne, pleine de vie, gaie, attentive avec son maître. Quand un chien est heureux cela se voit.
Nous sommes reparties le cœur léger. Et puis Samedi matin, Philippe nous a envoyé un message : Zoé était morte subitement dans la nuit de Vendredi à Samedi. Elle a fait un infarctus dans les bras de son maître. Depuis quelques jours elle était un peu fatiguée, le vétérinaire avait mis cela sur le compte de la chaleur et/ou d’une saleté dont les chiens ont le secret, mangée lors d’une balade.
Nous avons longuement discuté avec Philippe, très affecté d’avoir perdue Zoé. Nous lui avons demandé de pouvoir diffuser son adoption, même si sa chienne n’est plus là, parce qu’il nous semblait important que Zoé soit dans la rubrique des chiens adoptés, avec tous les autres. Sans quoi c’est comme si elle n’avait jamais existé.
Zoé a existé. Elle a eu 6 mois de bonheur, de câlins, de jeux, de balades, de gratouilles. Elle a été aimée, par Claire, par ses amis, puis par ses parents. Tout le monde l’adorait parce qu’elle était adorable.
J’aimerais partager avec vous une histoire personnelle qui me ramène à Zoé. Il y a quelques années j’avais pris en charge un chien de chasse, pouilleux et squelettique. Il sortait d’un chenil où il ne mangeait pas tous les jours, où l’eau était rare même en plein été. Des chiens y étaient morts de soif. A la maison il dormait à l’intérieur, il mangeait à sa faim et commençait à jouer avec les autres chiens. Trois mois plus tard il a fait une septicémie. Je ne comprenais pas comment dans de bonnes conditions de vie il avait pu tomber malade alors que dans son enclos… Le vétérinaire qui le suivait m’a dit quelque chose de très joli : il m’a dit que toute sa vie Bobby avait lutté pour manger, lutté pour boire, lutté contre les parasites…bref il s’était toujours battu pour survivre et que chez moi, parce qu’il était enfin heureux, parce qu’il n’avait plus besoin de se battre, eh bien il s’était laissé aller : il n’avait plus besoin de lutter.
Eh bien pour Zoé c’est la même chose. Merci à Claire et à ses parents qui ont offert à Zoé les 6 mois les plus beaux de toute sa vie.
Un grand merci à Hélène des Vagabonds du Lauragais qui sort les chiens de fourrière et qui nous a confié Zoé.
Type Labrador, femelle stérilisée, environ 9 ans